Est-ce que nous avons accès à une information scientifique de qualité dans les médias écrits et électroniques ? Il semble qu'on relègue de plus en plus la science à des journalistes qui ne sont pas spécialisés et qui doivent composer avec des dossiers complexes tout en ayant très peu de temps pour pouvoir mettre les choses en perspective.
André Picard, dans The Globe & Mail reprend les propos de Gary Schwitzer, publiés dans le British Medical Journal et qui analyse la couverture médicale dans des stations de télévision américaines. Il y fait mention notamment des points suivants:
1. La brièveté des bulletins
2. L'absence de journalistes spécialisés
3. L'absence de données scientifiques fiables pour appuyer les affirmations d'efficacité exceptionnelle
4. L'hyperbole
5. Le biais commercial.
6. La source unique avec tous les problèmes que celà comporte en médecine
7. L'utilisation de données provenant d'études chez les rongeurs pour en déduire des effets chez les humains
Un article de Louise-Maude Rioux Soucy dans Le Devoir du jeudi 23 décembre est intéressant à cet égard. On y rapporte les propos d'un rhumatologue, le Dr Jean-Pierre Pelletier de Montréal à propos des anti-inflammatoires et l'information récente sur le Naproxen.
Selon le Dr Pelletier, pour qu'une étude soit valable, elle doit disposer d'un échantillon d'au moins 25 000 personnes et sa question doit être précisément ciblée. «La taille d'un échantillon commande la grosseur de l'échantillon. Ici, on n'avait ni la bonne taille ni la bonne question. Ce n'est pas un travail scientifique.»
Cette affirmation est pour le moins surprenante. Est ce que le Dr Pelletier veut dire qu'on aurait besoin d'une étude qui enrôlerait 25,000 patients pour détecter un effet secondaire cardiovasculaire qui était déjà présent dans l'étude Vigor et qui comprenait elle 8,000 patients ? Cette affirmation doit être nuancée et expliquée sinon elle discréditerait toutes les études effectuées en rhumatologie ( aucune ne comporte un tel nombre de patients).
Puis plus loin dans l'article, on y affirme ce qui suit;
«Le Vioxx se détachait nettement du lot en montrant des risques accrus d'incidents cardiovasculaires alors que le Celebrex montrait au contraire des effets cardioprotecteurs», note le rhumatologue, qui s'est plongé dans l'étude dès sa publication.
Donc ici, bien qu'il n'y ait pas eu d'études comportant 25,000 patients, le Dr Pelletier affirme que le Vioxx se détache du groupe....N'y a t-il pas là une contradiction ? Pourquoi le Dr Pelletier traite-t-il le Naproxen différemment du Vioxx, Bextra ou Celebrex ?
Et ça continue,
Encore une fois, le Dr Pelletier émet de sérieuses réserves sur la validité de cette étude. «S'il fallait qu'Aleve soit si mortel, on l'aurait su bien avant. Dans plusieurs pays, ce médicament est en vente libre. C'est de loin le médicament le plus vendu de la planète, il n'y a pas lieu de s'inquiéter.»
Ici, on commet deux fautes. La première, le Naprosyn vient en 60 ième place bien après le Celebrex, l'ASA, le Vioxx ( avant son retrait) et le Lipitor en terme de médicaments prescrits selon IMS. Puis, on ne détermine pas l'inocuité d'un médicament à partir de sa popularité. On le fait en organisant des essais contrôlés avec un échantillon prédéterminé.